Données locales et vaccination mondiale
Le responsable du laboratoire, le Dr Mousa Hindiyeh, a donné l’impulsion pour l’analyse.
Photo : © Meinrad Schade
Comment les recherches sur le rotavirus de l’Hôpital de l’Enfance Bethléem ont contribué à protéger la population mondiale contre cet agent pathogène. (ras)
Il y a 20 ans, peu de gens auraient imaginé qu’un consortium scientifique de renom s’intéresserait un jour aux dossiers sur le rotavirus de l’Hôpital de l’Enfance Bethléem. La collecte systématique des informations sur les maladies à rotavirus y a commencé depuis longtemps. « Nous voulions simplement creuser la question de ces infections intestinales et comprendre qui contracte ce virus à Bethléem », rapporte la Dre Hiyam Marzouqa, médecin-cheffe de l’hôpital pédiatrique.
Avec constance, le personnel complète formulaire après formulaire. Un véritable trésor de données se constitue au fil du temps dans les archives du laboratoire, jusqu’à ce que le Dr Mousa Hindiyeh, responsable du laboratoire, se dise : « Il faut analyser tout ça ! »
Une énorme paperasse
Plus facile à dire qu’à faire, car le fichier de données empiriques atteint désormais 18 000 entrées. Il ne sera exploitable qu’après avoir été saisi manuellement dans une base de données. Le Dr Mousa Hindiyeh voit tout de suite comment résoudre ce problème de la manière la plus élégante possible : « Pourquoi ne pas superviser une thèse de master ? Après tout, c’est le matériau idéal pour une étude ! »
Abd ar-Razeq Issa, étudiant en master à l’Université de Bethléem, passe deux années entières à créer les conditions nécessaires à ce projet. « L’analyse de la propagation du virus nous a ouvert les yeux. Le ministère palestinien de la Santé s’est lui aussi montré très intéressé. L’idée d’une vaccination généralisée contre le rotavirus en Palestine s’est vite imposée à nous », explique le Dr Mousa Hindiyeh.
Ces données suscitent également l’intérêt d’un consortium scientifique américain. Visant à mettre au point un vaccin universel abordable contre le rotavirus, il entreprend de comparer un vaccin bon marché autorisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avec le produit onéreux d’une grande entreprise pharmaceutique et de tester l’efficacité des deux substances en Palestine.
Une preuve pour le monde entier
Le trésor de données de l’hôpital pédiatrique fait de la Palestine le terrain d’essai idéal pour ce projet de recherche. L’efficacité des deux substances peut ainsi être testée à la lumière des données historiques de Bethléem. Pendant ce temps, plus de 95 % des enfants palestiniens de Cisjordanie sont vaccinés contre le rotavirus – un effet secondaire positif.
La recherche a montré qu’avec le vaccin le moins cher, une couverture vaccinale pouvait être assurée à l’échelle nationale pour une fraction du coût habituel. La collecte extensive et continue de données de l’Hôpital de l’Enfance Bethléem a contribué à ces conclusions. Se référant à ce travail de longue haleine, le Dr Mousa Hindiyeh déclare : « C’est ainsi que même les petits projets peuvent avoir un impact global. »